Juliette Grange

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lundi, mars 25 2024

L'idée d'Europe au XIXe siècle - Aux sources de l'européanisme dans la pensée française

L’Europe fut d’abord une idée, un idéal pacifiste, une utopie chez quelques philosophes ou rêveurs du XIXe siècle. De La paix perpétuelle de Kant, traduit en 1796 en français, au pacifisme de Jaurès au début du XXe siècle, s’exprime en langue française une conception de la fédération d’États nationaux libres qui contredit la réalité historique et que le XXe siècle ne réalisera que partiellement.

Sont rassemblés ici des textes appartenant au socialisme utopique, au saint-simonisme, à l’anarchisme, au néo-kantisme, au républicanisme. La grande voix d’Hugo et les Congrès de la paix créent cet espace de libertés qui prépare non seulement l’Europe mais la future Société des Nations et les institutions internationales.

Ce recueil contient des textes de Kant, C.-H. de Saint-Simon, P. Leroux, P.-J. Proudhon, Ch. Lemonnier, V. Hugo, Garibaldi, Barni, Jaurès.

Lien vers l'ouvrage

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Le(s) Bien(s) commun(s) - Journées philosophiques de Limoges - 7 mars 2024

la nature comme Bien commun, un nouveau visage du Bien public ?

Mouvement contestataire et libertaire, l’écologie met souvent en doute l’efficience des institutions et dénonce parfois de manière irréaliste la technique, les sciences, l’industrie. Cette conférence plaidera pour une intégration de la dimension écologique à la philosophie politique moderne, et particulièrement à un républicanisme rénové.

Communication devant les professeurs de philosophie de l'Académie et discussion avec l'assistance.

Les métamorphoses de l'Humanisme, Le cours de l'Histoire, France Culture - 7 mars 2024

Entre l’humanisme de la Renaissance, l’humanisme du XVIIIe siècle autour du mouvement des Lumières, et celui du XIXe siècle autour d’un idéal scientifique et rationaliste, voire positiviste, parle-t-on bien de la même chose ? Comment le concept d’humanisme est-il né et comment a-t-il évolué ?
Avec : Stéphane Pujol Professeur de littérature française du XVIIIe siècle à l’Université Toulouse-Jean Jaurès

Juliette Grange Professeur de philosophie moderne et contemporaine à l’Université François Rabelais de Tours

Pour réécouter l'émission :

dimanche, janvier 14 2024

Participation aux Semaines sociales de France, Lyon, 24 novembre 2023

Sous le titre : Écologie, préparons-nous à un changement radical, les Semaines sociales de France ont eu pour thème cette année la crise écologique et les moyens de réagir à celle-ci, avec en point d'appui le texte du Pape François Laudato si.
Entre autres, a été posée la question de la radicalité. L'exposé et la discussion qui s'en est suivi ont tourné autour de ces interrogations : comment le terme « radicalité » a -t-il été utilisé au cours du temps ? Quand a-t-on qualifié des actions de « radicales », au service de quels changements ? De quoi le mot est-il chargé aujourd’hui ?

L'ensemble des journées est accessible sur le site des Semaines sociales de France

mercredi, novembre 8 2023

"Jaurès, au-delà du matérialisme et du spiritualisme", in ''Les matérialismes paradoxaux'', Classiques Garnier, 2023

La pensée de Jaurès se présente comme un matérialisme singulier et assez complexe. Celle-ci interroge : le matérialisme conduit-il exclusivement à l’athéisme, et même au nihilisme ? Ou bien ne pourrait-il pas plutôt aboutir à une forme renouvelée et paradoxale de spiritualité ? Il s’agit de dépasser l’antinomie du matérialisme et de la spiritualité afin d’envisager une forme laïque de celle-ci qui préserve du désenchantement et donne espoir dans une forme républicaine du socialisme.

Lien vers l'ouvrage : Les matérialismes paradoxaux

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Edito

Néo-conservatisme On a assez fréquemment analysé les mouvements d’extrême droite populistes et traditionnalistes et leur reviviscence récente en France et partout en Europe, mais un mouvement puissant, étranger à l’histoire politique européenne, s’est fait jour depuis la fin des années 1990. Il s’agit d’un néo conservatisme “à la française”, qui a d’abord eu une expression savante et discrète dans le champ intellectuel en sciences humaines et sociales, en philosophie et particulièrement en philosophie des sciences. Dans la réalité institutionnelle, dans la structuration des équipes de recherche, l’attribution des crédits, des postes et des bourses ou allocations de recherche, les financements des publications et des doctorats, un certain nombre de groupes, agissant dans les instances publiques les plus prestigieuses et largement soutenues par des fondations installées à l’étranger, a transformé profondément et façonné idéologiquement quelques champs disciplinaires, dans des disciplines de taille modeste, comme la philosophie, mais à haute valeur symbolique. Cette mainmise, dont le cœur concerne les réformes des systèmes d’enseignement et de recherche, s’attaque aux fondements républicains et laïques de nos sociétés politiques.
Cette attaque peut être analysée en trois strates :
Premièrement, une stratégie de conquête des institutions universitaires et de recherche. L’objectif étant de prendre en main, à petit bruit, un certain nombre d’institutions de formation et de recherche dans des domaines clés où il importe de former les futures élites et décideurs : l’éthique médicale, la philosophie des sciences sont des secteurs particulièrement touchés, mais on a vu apparaître et prospérer une "philosophie de LA religion" (laquelle ?).
Deuxièmement, former l’opinion par exemple en imposant des thèmes dans la grande presse de vulgarisation (Sciences et vie, Le Monde des religions, …) autour de sujets comme Dieu, la quête de sens, les nouvelles sciences, etc. Diffuser un argumentaire anti moderne sur le Net et tenter également d’imposer cet argumentaire dans les médias, voire dans des productions grand public. Il s’agit alors en s’appuyant rhétoriquement sur l’existence d’une production savante (par exemple en philosophie morale) d’en répandre une version populaire dans le corps social à partir de blogs, de revues, de groupes militants. Persuader nos décideurs politiques qu’affirmer publiquement qu’il y a des racines chrétiennes à l’Europe, ou des lois divines supérieures aux lois humaines et permettant de les contester, peut leur attirer un succès électoral.
Troisième strate, donner une expression politique à ce supposé “mouvement social spontané” en étendant les mots d’ordre anti laïques, à la fois ultra conservateurs et ultra libéraux. Des mouvements comme La Manif pour Tous ou le Printemps français témoignent de cette émergence. Sur le mode du Tea Party américain, il s’agit autant de peser sur la vie politique en général que sur la Droite républicaine et de la prendre en otage. Il s’agit de faire imposer par l’État des mots d’ordre fondamentalistes, anti laïques et anti étatistes (paradoxal, mais efficace et dans la lignée de certains courants d’extrême droite – voir l’Espagne et le rôle de l’Opus Dei au sein du P.P.).
Il faut donc d’abord comprendre d’où vient ce néo conservatisme et comment il s’est structuré, en particulier aux États-Unis.
Le néo-conservatisme “à la française” conserve les traits de cette origine, il veut inspirer les politiques gouvernementales, tout en ayant un sens différent du fait de l’histoire institutionnelle française, mais son modus operandi est, sur de nombreux points, semblable. Il vise bien, comme son inspirateur américain, une prise de pouvoir intellectuelle avec l’objectif d’une révolution culturelle et sociale. Néanmoins, son sens politique est un peu différent, du fait entre autres de l’histoire de l’Église catholique et de son rôle, en France et dans les pays latins en particulier. Comme son homologue d’outre-Atlantique, il s’oppose rhétoriquement au constructivisme “artificialiste” moderne, tout en étant lui-même une construction volontaire extrêmement offensive et polémique. Il présente de forts traits de parenté avec ce à quoi il prétend s’opposer (le marxisme, l’étatisme, le modernisme). Contrairement aux apparences, il vise la prise de pouvoir, non le débat d’idées ou la polémique intellectuelle.
Il nous paraît important de l’identifier et en particulier de délimiter nettement conservatisme et néo-conservatisme, libéralisme et néo-libéralisme. Le néo-conservatisme est étranger au conservatisme usuel et également au populisme réactionnaire et nationaliste des partis d’extrême droite. Ce conservatisme new look se présente en effet lui-même comme une rupture novatrice et non comme une continuité. Il se dit dynamique et producteur de transformations à venir. Yves Roucaute, qui est l’un de ses théoriciens en français, le décrit comme « une philosophie joyeuse qui retrouve le sens de l’histoire ».