Juliette Grange

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samedi, novembre 12 2022

Le Concept d'organisation chez Saint-Simon. Texte de Jean-Paul Frick, préface de Juliette Grange, postface de Michel Bellet, Classiques Garnier, 2022

L’œuvre de Saint Simon a été peu commentée d’un point de vue philosophique même si Durkheim, Gurvitch ou Ansart ont montré qu’elle était porteuse d’une pensée originale et créatrice, fondatrice des sciences humaines et du socialisme. Parmi les commentateurs, Jean-Paul Frick fait exception car il lit Claude-Henri de Saint-Simon comme doit être lue toute œuvre philosophique : il s’efforce d’identifier « une problématique interne, spécifique et permanente » qui constitue le socle conceptuel de la doctrine.
L’œuvre est considérée comme ayant une unité et l’ouvrage ici édité s’attache à mettre en évidence cette dernière. En prenant en charge l’ensemble des textes de Saint-Simon, l’auteur tente d’identifier les concepts fondamentaux qui la sous-tendent, en particulier celui d’organisation.
Cet ouvrage est fondateur en ce qu'il met en évidence une structure profonde et un concept essentiel qui donnent à l'œuvre de Saint-Simon, souvent découpée par les commentateurs, une véritable unité philosophique à la postérité féconde.

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lundi, février 14 2022

Parutions 2022 : Entre technique et politique, l'invention de la photographie, Editions KIME, février 2022

L’invention de la photographie permet d’interroger l’essence de la technique et la société industrielle qui prévaut en Europe au milieu du XIXe siècle.
Cet essai met en relation daguerréotype et philosophie positiviste. Le portrait, les vues urbaines, la prose réaliste transforment l’identité individuelle et la culture. L’objectif introduit l’idée d’exhaustivité de l’inventaire spatial et temporel opéré par les sciences.
Entre regret romantique et espérance progressiste, l’appareil à fixer les images suscite espoirs et craintes.

L’essai de Juliette Grange se complète d’une anthologie des textes de l’époque : Arago, Baudelaire, Delacroix permettent de questionner la relation entre art et technique. L’invention technologique doit-elle être mise au service de l’humanité (c’est l’idéal républicain d’Arago, de Saint-Simon, de Comte) ou brevetée et commercialisée (c’est la position anglo-saxonne qui prévaut encore aujourd’hui) ?

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dimanche, février 13 2022

Colloques 2022 : “L’utilisation de ‘la liberté de conscience’ dans un cadre réactionnaire”, colloque La liberté de conscience en Europe, organisation Association Egale-Sénat, 31 janvier 2022

“L’utilisation de ‘la liberté de conscience’ dans un cadre réactionnaire”
Il s'agit d'analyser précisément ce qu'on nomme “liberté de conscience”, de faire aussi le tour de ses interprétations très variées et de voir comment cette liberté fondamentale peut être détournée pour contourner l'application d'une loi, comme on peut le constater à propos des refus de vente de certains contraceptifs, de la pilule dite “du lendemain”, par certains pharmaciens ou encore de la mise en cause du droit à l'avortement par le refus de pratique des médecins.

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dimanche, novembre 21 2021

Conférences 2021 : “Féminisme et laïcité”, 20 octobre, INSPE Lorraine, Nancy

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vendredi, octobre 29 2021

Interview Sud Radio, à propos du complotisme, 23 octobre 2021

Intervention à propos des projets de complot et d'attaques violentes de Remy Daillet. Analyse des démarches et des réseaux complotistes extrémistes de droite.

Réécouter l'émission : Sud Radio/Juliette Grange

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Edito

Néo-conservatisme On a assez fréquemment analysé les mouvements d’extrême droite populistes et traditionnalistes et leur reviviscence récente en France et partout en Europe, mais un mouvement puissant, étranger à l’histoire politique européenne, s’est fait jour depuis la fin des années 1990. Il s’agit d’un néo conservatisme “à la française”, qui a d’abord eu une expression savante et discrète dans le champ intellectuel en sciences humaines et sociales, en philosophie et particulièrement en philosophie des sciences. Dans la réalité institutionnelle, dans la structuration des équipes de recherche, l’attribution des crédits, des postes et des bourses ou allocations de recherche, les financements des publications et des doctorats, un certain nombre de groupes, agissant dans les instances publiques les plus prestigieuses et largement soutenues par des fondations installées à l’étranger, a transformé profondément et façonné idéologiquement quelques champs disciplinaires, dans des disciplines de taille modeste, comme la philosophie, mais à haute valeur symbolique. Cette mainmise, dont le cœur concerne les réformes des systèmes d’enseignement et de recherche, s’attaque aux fondements républicains et laïques de nos sociétés politiques.
Cette attaque peut être analysée en trois strates :
Premièrement, une stratégie de conquête des institutions universitaires et de recherche. L’objectif étant de prendre en main, à petit bruit, un certain nombre d’institutions de formation et de recherche dans des domaines clés où il importe de former les futures élites et décideurs : l’éthique médicale, la philosophie des sciences sont des secteurs particulièrement touchés, mais on a vu apparaître et prospérer une "philosophie de LA religion" (laquelle ?).
Deuxièmement, former l’opinion par exemple en imposant des thèmes dans la grande presse de vulgarisation (Sciences et vie, Le Monde des religions, …) autour de sujets comme Dieu, la quête de sens, les nouvelles sciences, etc. Diffuser un argumentaire anti moderne sur le Net et tenter également d’imposer cet argumentaire dans les médias, voire dans des productions grand public. Il s’agit alors en s’appuyant rhétoriquement sur l’existence d’une production savante (par exemple en philosophie morale) d’en répandre une version populaire dans le corps social à partir de blogs, de revues, de groupes militants. Persuader nos décideurs politiques qu’affirmer publiquement qu’il y a des racines chrétiennes à l’Europe, ou des lois divines supérieures aux lois humaines et permettant de les contester, peut leur attirer un succès électoral.
Troisième strate, donner une expression politique à ce supposé “mouvement social spontané” en étendant les mots d’ordre anti laïques, à la fois ultra conservateurs et ultra libéraux. Des mouvements comme La Manif pour Tous ou le Printemps français témoignent de cette émergence. Sur le mode du Tea Party américain, il s’agit autant de peser sur la vie politique en général que sur la Droite républicaine et de la prendre en otage. Il s’agit de faire imposer par l’État des mots d’ordre fondamentalistes, anti laïques et anti étatistes (paradoxal, mais efficace et dans la lignée de certains courants d’extrême droite – voir l’Espagne et le rôle de l’Opus Dei au sein du P.P.).
Il faut donc d’abord comprendre d’où vient ce néo conservatisme et comment il s’est structuré, en particulier aux États-Unis.
Le néo-conservatisme “à la française” conserve les traits de cette origine, il veut inspirer les politiques gouvernementales, tout en ayant un sens différent du fait de l’histoire institutionnelle française, mais son modus operandi est, sur de nombreux points, semblable. Il vise bien, comme son inspirateur américain, une prise de pouvoir intellectuelle avec l’objectif d’une révolution culturelle et sociale. Néanmoins, son sens politique est un peu différent, du fait entre autres de l’histoire de l’Église catholique et de son rôle, en France et dans les pays latins en particulier. Comme son homologue d’outre-Atlantique, il s’oppose rhétoriquement au constructivisme “artificialiste” moderne, tout en étant lui-même une construction volontaire extrêmement offensive et polémique. Il présente de forts traits de parenté avec ce à quoi il prétend s’opposer (le marxisme, l’étatisme, le modernisme). Contrairement aux apparences, il vise la prise de pouvoir, non le débat d’idées ou la polémique intellectuelle.
Il nous paraît important de l’identifier et en particulier de délimiter nettement conservatisme et néo-conservatisme, libéralisme et néo-libéralisme. Le néo-conservatisme est étranger au conservatisme usuel et également au populisme réactionnaire et nationaliste des partis d’extrême droite. Ce conservatisme new look se présente en effet lui-même comme une rupture novatrice et non comme une continuité. Il se dit dynamique et producteur de transformations à venir. Yves Roucaute, qui est l’un de ses théoriciens en français, le décrit comme « une philosophie joyeuse qui retrouve le sens de l’histoire ».