On tentera de définir l’esprit du socialisme tel qu’il s’exprime en France au XIXe et au début du XXe siècle, dans cette tradition intellectuelle et politique qui va de C-H de Saint-Simon et Pierre Leroux jusqu’à Quinet et Jaurès. S’agit-il "d’améliorer le sort de la classe la plus nombreuse et la plus pauvre" dans une forme sécularisée du message chrétien (Saint-Simon, Nouveau Christianisme, Auguste Comte, religion de l’Humanité), ou de la proposition d’une religion civile comme morale sociale, un "esprit nouveau" (Quinet), une espérance terrestre non sans dimension spirituelle? On précisera ce qui caractérise ce courant mal identifié, synthétisant plusieurs apports philosophiques (néo-kantien, positivisme comtien): un spiritualisme laïque, une synergie entre collectivité politique solidaire et autonomie des personnes, entre individualisme et solidarité, entre institutions politiques et société, un lien fort aux sciences humaines. Alors que nous sommes aujourd’hui sommés de rendre "positive" la laïcité ou bien de choisir entre anomie et communautarisme, cet esprit est essentiel pour vivifier la belle idée socialiste.