Le supposé dilemme entre l' « espérance religieuse » théiste et un consumérisme matérialiste athée a été récemment imposé dans le débat public par la rhétorique politique issue des fondamentalismes religieux venus d’outre-Atlantique et présente en Europe depuis une décennie.Pourtant, le mouvement d’émancipation moderne, dans lequel la philosophie comme exercice de la pensée critique est fortement présente, lie, plutôt qu’il n’oppose, matérialisme et spiritualisme. De même que l’autonomie individuelle n’est pas l’antagonisme de l’unité sociale et peut même être comprise comme son vecteur, de même la reconnaissance de la primauté du spirituel dans le destin de l’Humanité n’exclut pas le naturalisme matérialiste, ni la considération du bonheur des hommes dans la concrétude et la finitude de leurs vies.
La communication défendra cette position à l’aide d’appuis philosophiques (Spinoza, Rousseau, Kant, A. Comte). Elle s’inspirera aussi des "maîtres rêveurs" du XIXe siècle, qui, à partir de C-H de Saint-Simon jusqu’à Quinet, Jaurès et le premier Péguy, conjuguent la question sociale, la transformation des "conditions de vie de la classes la plus pauvre et la plus nombreuse" et la haute exigence de Justice d’un spiritualisme laïc.
On s’interrogera aussi sur la nature de ce spiritualisme. Est-ce une sécularisation du message chrétien ? Une nouvelle acception de ce que d’aucuns ont appelé le "pouvoir spirituel" ? La liberté moderne comme liberté intérieure de pensée des personnes n’est pas religieuse au sens des Églises. Elle n’est pas antireligieuse. Elle est autrement religieuse. Une fois l’autorité absolue dépassée ou détruite, une fois l’autorité dogmatique des théologies (y compris révolutionnaires, étatiques ou technocratiques) évacuée, reste l’esprit, la foi en l’Église invisible, en une religion qui, s’humanisant, devient source d’une liberté sociale supérieure et s’articule à la liberté morale et à l’autonomie des personnes.

Lien vers le programme : Parlons philo ! Les rendez-vous philosophiques d'Orléans 2014