Mon chien est-il un Dieu ? Réflexions sur les animaux domestiques et la religiosité, du néolithique à Auguste Comte

A contrario du dualisme corps/esprit ou animal/homme hérité du mépris chrétien pour l’animalité corporelle, certains philosophes, du XVIIIe siècle à nos jours, ont tenté de définir autrement l’animal. Cette conférence précisera d’abord, grâce à l’histoire et à l’anthropologie, le statut de l’animal dans le cadre du totémisme puis celui de la pratique de l’élevage propre à l’humanité depuis le néolithique, avant de s’attacher aux animaux de compagnie et particulièrement à l’un d’entre eux, le chien. Celui-ci est l’objet d’attachement et de mépris, supposé impropre à la consommation en Occident, il est aujourd’hui l’objet d’un culte privé.

Doit-on voir dans la figure du chien le signe d’une misère sociale et affective, ou l’indice d’une transformation de la définition de l’humain ? Une pratique sociale, la sépulture animale, sera interrogée en particulier à propos de la création mondiale du premier cimetière pour chiens dans la région parisienne, à Asnières, en 1899, sur la base d’idéaux féministes et de la doctrine philosophique d’Auguste Comte (philosophe par ailleurs auteur d’une réflexion sur la sécularisation des pratiques religieuses sacrificielles dans les abattoirs). Que signifie l’invention d’une nécropole zoologique ? Témoigne-t-elle d’un nouveau statut de l’animal ? Auguste Comte qualifie de "quasi humain" le chien, qu’il proclame roi des animaux en remplacement de la figure hiérarchique du lion. Que penser d’une telle proposition ?

Une philosophe contemporaine, Donna Haraway, dans le ​Manifeste des espèces de compagnie,​ prolonge cette célébration du chien et définit l’inter-spécificité comme l’aboutissement du féminisme et de l’utopie d’une communauté de vie entre l’humanité et ses frères inférieurs, utopie déjà exprimée au XIXe siècle (Pierre Leroux, Jules Michelet, Auguste Comte).

Voir le programme : Animal programme définitif